Si nous ne pouvons la faire pratiquer je m’arrangerai de manière que la chambre du fond sera inconnue, barricadée, impénétrable pour les étrangers. Je serai censée n'avoir que deux pièces, la troisième sera la chambre noire, la chambre mystérieuse, la cachette du revenant, la loge du monstre, la cage de l'animal savant, la niche du trésor, la caverne du vampire, que sais-je ? nous verrons. (George Sand, Correspondance, N°388, p.882.)
mardi 27 mars 2012
The Voice
Il disait : Je ne supporte pas la cigarette et pourtant je ne résiste pas aux voix des fumeuses. L'odeur du tabac m'incommode, réellement. Ce n'est pas de ma part soumission abstraite à quelque diktat hygiéniste de notre temps : d'ailleurs je me sentirais plutôt compatissant pour ceux et celles à qui la loi assigne, depuis quelques années, des conditions de plus en plus contraignantes à la pratique de leur vice, que l'on parque dans des zones spéciales, ou qu'on envoie dehors, dans le froid, à l'hiver. N'empêche, je suis tout de même bien content de n'avoir pas à subir moi-même ces fumées à l'odeur répugnante. Je n'ai jamais fumé, ça ne m'a jamais tenté. Presque personne dans ma famille ou dans mon entourage proche ne fume. Et je ne parle pas des sentiments que peuvent m'inspirer l'addiction à la nicotine. Moi qui me tiens à l'écart même du thé et du café... En toute logique, je devrais envelopper dans une détestation générale tout ce qui touche de près ou de loin à la chose. Et cependant il y a dans les voix voilées, fêlées, brisées, cassées, de celles qui fument trop ou ont trop fumé, quelque chose d'inexplicablement attirant pour moi. Il dit : Marie Trintignant, par exemple. Je ne l'ai jamais trop apprécié en tant qu'actrice. Physiquement, je dois dire, au risque de la goujaterie, je ne la trouvais pas belle non plus. Mais sa voix exerçait sur moi un attrait puissamment érotique, comme j'en ai rarement connu. La conversation se poursuit, roule sur les chanteuses aux "voix de fumeuses", toute la constellation y passe des divas du jazz et de la soul de l'ancien temps aux derniers succès de l'année écoulée. Quelqu'un lui demande s'il ressent la même chose pour la voix de leurs homologues masculins. Eh bien, dit-il, si je pense, mettons, à Leonard Cohen, je dois bien admettre qu'il y a dedans quelque chose de troublant. Je veux dire, enfin, je peux parfaitement comprendre la séduction qu'elle exerce sur le sexe opposé. Tiens, en parlant de Cohen, il paraît que son dernier album n'est pas terrible ? Si ? La conversation bifurque, on débat des mérites de l'album évoqué, tournée, carrière, et l'on pourrait croire qu'il paraît soulagé de ce changement de sujet.
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