Si nous ne pouvons la faire pratiquer je m’arrangerai de manière que la chambre du fond sera inconnue, barricadée, impénétrable pour les étrangers. Je serai censée n'avoir que deux pièces, la troisième sera la chambre noire, la chambre mystérieuse, la cachette du revenant, la loge du monstre, la cage de l'animal savant, la niche du trésor, la caverne du vampire, que sais-je ? nous verrons. (George Sand, Correspondance, N°388, p.882.)
mardi 10 février 2015
Pesanteurs
Voilà un film qui entend chanter la chaleur et la communauté des sentiments humains, et dont ne se dégage aucune émotion ; un film militant à l'engagement si gauchement affiché (sans jeu de mot) qu'il en devient contre-productif ; un film inspiré d'évènements historiques auxquels il parviendrait presque à ne pas nous faire croire. Les lourdeurs rhétoriques démonstratives sont depuis longtemps une menace récurrente sur le cinéma de Ken Loach, mais Jimmy's Hall, son dernier opus en date, offre un exemple achevé de ratage tant toute vie, ou peu s'en faut, s'y éteint enterrée sous le poids du propos didactique. La raison fondamentale : l'œuvre est totalement dépourvue de personnages. Au mieux, ce sont des types ; le plus souvent, ce sont des thèses et des antithèses ambulantes, mal dissimulées sous des masques dépourvus d'intériorité, de chair, d'histoire, au demeurant interchangeables, qui ne sont là que pour débiter leur ligne théorique sur ce qu'il faut faire ou ne pas faire, penser ou ne pas penser. À côté de ça, quelques belles images (d'un classicisme efficace) de la campagne irlandaise, et de finalement trop rares plans de fête populaire sur fond de jazz ou de musique traditionnelle (quand un montage alterné, pour le moins peu subtil, avec le sermon de l'église locale ne vient pas ruiner la chose), ne suffisent hélas pas à sauver le tout.
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