dimanche 13 janvier 2013

Dans le miroir


Réflexions faites, quel meilleur moyen de commencer l'année qu'avec le dernier questionnaire pointu et tordu, donc indispensable, de Ludovic Maubreuil sur Cinématique ?

1. Avez-vous déjà accroché chez vous une affiche de film ? Non. J'avais pourtant un jour acheté, sur un coup de tête, l'affiche de Kill Bill vol.2 représentant Uma Thurman en robe de mariée à katana, avec une vague idée, que je jugeais pour tout dire assez amusante, quant à l'endroit où la placer chez moi (ou dans un futur chez-moi) ; idée qui fit long feu. L'affiche est toujours roulée quelque part au fond d'un placard.

2. Quelle affiche, placardée à l'intérieur d'un film, préférez-vous ? Celle de Gilda dans la salle de bain de la tante Ruth, dans Mulholland drive, qui transforme Camilla en Rita. Tout un programme, quand on y songe...

3. Avez-vous une salle de cinéma régulière ? Plusieurs, ce qui revient plus ou moins à répondre par la négative.

4. Quelle salle de cinéma, présente dans un film, préférez-vous ? Celle dans laquelle Louis, dans Interview with the Vampire, redécouvre le soleil après un siècle et demi d'errance nocturne, par l'intermédiaire de Sunrise de Murnau. Bel effet de renversement qui fait de l'écran non pas une fenêtre ouverte de notre réalité vers un irréel, mais de l'irréel vers nous.

5. Avez-vous un souvenir marquant dans une salle de cinéma, n’ayant pas de rapport avec le film projeté ? L'équation est assez rare... Le seul souvenir qui pourrait peut-être y satisfaire serait celui de ma première, et, à ce jour, toujours unique, excursion dans ce temple de la cinéphilie parisienne qu'est l'Action Christine. Le seul fait d'être dans cette salle était apparemment plus marquant que le film proprement dit, dont je n'ai que peu de souvenirs, et pas des plus enthousiastes. Je revois encore la salle, mais il m'a fallu me creuser les méninges et faire appel à Google pour me rappeler que le film était How to Murder Your Wife, de Richard Quine.


6. Avez-vous déjà assisté à un tournage ? Je garde le souvenir de l'effet produit par les lumières d'éclairage du tournage, par un soir humide et sombre sur le Vieux Port à Marseille, de MR 73 d'Olivier Marchal ; beau souvenir dont on pourrait dire que je n'ai jamais voulu l'entacher par la vision du film lui-même, que je soupçonne d'être assez nul. 

7. Qu’avez-vous filmé dont vous soyez le plus satisfait ? Le peu que j'aie pu filmer, avec quelque méthode ou appareil que ce soit, m'a rarement donné grande satisfaction. 

8. Avez-vous une anecdote véridique à nous conter, vous mettant en scène avec une personnalité du cinéma ? Au printemps 2007, j'ai visité presque la moitié de l'exposition David Lynch qui se tenait à la Fondation Cartier pour l'art contemporain, à Paris, au même rythme (tout à fait involontairement) qu'une certaine actrice française assez connue... Malheureusement, chaque fois que j'essaie de me souvenir plus précisément de cet épisode, je butte sur l'identité de l'actrice en question et j'hésite entre plusieurs noms.

9. Quelle personnalité du cinéma aimeriez-vous rencontrer pour nourrir une telle anecdote ? Je préfère m'en remettre au hasard, si une telle rencontre doit avoir lieu...

10. Quel est le personnage cinématographique le plus proche de ce que vous êtes, ou de ce que vous avez été ? De façon générale, les personnages qui se jettent ou se réfugient dans le monde de la fiction et les champs de l'imaginaire, et ne peuvent en revenir sans déchirement, voire risque de mort. Les premiers noms qui me viennent en tête sont l'Ariane de Wilder, le Peter Ibbetson de Hathaway, le baron de Munchausen version Gilliam, Diane/Betty dans Mulholland drive (encore)... L'anti-modèle, ce serait l'Alice de Tim Burton qui laisse derrière elle le Pays des Merveilles pour devenir chef d'entreprise !

11. Avez-vous une quelconque ressemblance physique avec une actrice ou un acteur ? Aucune que je sache. 

12. Apparaissez-vous réellement dans un film ? Non, hors celui tourné avec trois amis de lycée, il y a maintenant assez longtemps, et heureusement personne ne le verra (ou, pour les principaux concernés, ne le reverra) jamais.


13. Quel regard-caméra vous a le plus touché ? Ceux du Christ, à la fois doux et révolutionnaire, incarné par Enrique Irazoqui, annonçant l'évangile devant la caméra de Pasolini. 

14. Quelle séquence en caméra subjective vous a le plus marqué ? Je serais incapable de dire avec certitude s'il y a vraiment ne serait-ce qu'un plan véritablement en caméra subjective dedans, et réponds donc peut-être à côté, mais je ne peux m'empêcher de repenser à l'agonie de Frank White dans The King of New York d'Abel Ferrara, qui par la mise en scène visuelle et sonore nous fait partager la marche au supplice du mafieux à travers les rues de "la ville qui ne dort jamais"... 

15. Existe-t-il un remake que vous appréciez ? Une grande partie, si ce n'est la majorité, des films de Tsui Hark sont des remakes, mais, à choisir, je retiendrai L'Auberge du dragon (San lung moon haak chan / Dragon Inn), d'après King Hu, parce qu'il allie respect du modèle et excellentes innovations.  

16. Un que vous détestez ? Tous ceux que, par principe, je n'ai pas vus. Ça en fait un certain nombre.

17. Quelle est votre image ou séquence favorite parmi celles faisant allusion, au sein d’un film, à un autre film ? Pas de souvenir exceptionnellement marquant en la matière – mais ça me reviendra peut-être...

18. Citez votre scène préférée parmi celles utilisant un miroir. Tout Exotica d'Atom Egoyan, grand film de miroirs sans tain (et de perroquets). S'il faut vraiment se limiter à une scène, alors la scène "d'amour" du couple Alice/Bill dans Eyes Wide Shut : chacun ne regardant en fait que son propre reflet.

19. Avez-vous le souvenir d'une apparition involontaire de l'équipe de tournage à l'image ? C'est en général le genre de détail auquel je ne prête jamais attention, et qui m'échappe la plupart du temps. Une exception pourtant, l'ombre de l'hélicoptère suivant la voiture de la famille Torrance au début de Shining : je ne pouvais croire que ce perfectionniste de Kubrick ait pu laisser passer ça involontairement – ce qui engendra moult réflexions pour tenter d'y trouver une signification...


20. Quelle est votre préférence parmi les actrices/acteurs ayant joué plusieurs rôles dans le même film ? Parmi les acteurs, Peter Sellers dans Dr. Strangelove de Kubrick. Parmi les actrices, Deborah Kerr dans The Life and Death of Colonel Blimp de Powell et Pressburger.

21. Quel est pour vous le meilleur interprète d’un personnage traité à plusieurs reprises dans l'histoire du cinéma ? Le choix est trop vaste !

22. Parmi les cinéastes ayant fait l’acteur chez les autres, qui mérite d'être retenu ? / 23. Quelle apparition d’un réalisateur dans son propre film vous semble la plus mémorable ? Réponse groupée : disons Buster Keaton et Charlie Chaplin dans Limelight de Chaplin.

24. Quel est à vos yeux le plus grand film sur le cinéma ? The Bad and the Beautiful de Vincente Minnelli. Parce que le cinéma y est une industrie produite par des salauds, secrétant pourtant un art dont on ne se lasse jamais.

8 commentaires:

  1. Hello !
    Intéressantes réponses. Pour le Shining de Kubrick il faut absolument voir Room 237, un documentaire totalement fou qui donne la parole à quelques siphonnés amoureux des énigmes et des complots.
    Quant au film de Minnelli, je lui préfère quand même et de loin sa "suite" 15 jours ailleurs où d'ailleurs on y aperçoit un extrait, sur la déliquescence du cinéma hollywoodien. Et oui, déjà, à l'époque !

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  2. Je note les deux références avec intérêt, car j'ignorais aussi bien l'existence du documentaire que celle de cette "suite" minnellienne. Merci !

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  3. Oui, vous avez raison pour le film de d'Olivier Marchal. Et votre réponse 8 est assez lynchienne !

    Bien sûr, Deborah Kerr. c'est vraiment bouleversant de la voir dans sa troisème identité, ignorant les raisons de l'attachement de "Blimp"...

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  4. Merci encore pour ce questionnaire ! La réponse 8 est rigoureusement authentique bien sûr, y compris mon "amnésie". Quant à Deborah Kerr, oui, la scène dans la voiture, baignée de lumière rouge, lorsqu'elle raccompagne Theo et qu'il comprend, lui, ce qui est en jeu, est une des plus belles du film. Non, de la filmographie du duo Powell-Pressburger. Non, du cinéma tout entier, en fait.

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  5. L'Evangile selon Saint Matthieu est d'une grande beauté.
    The King of New York également.
    Quant à Keaton et Chaplin dans Limelight, je dis oui !
    Pour l'hélicoptère au début de Shining il me semble que c'est parce que Kubrick souhaitait une image réduite par rapport à la version que nous connaissons.

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  6. Parfaitement d'accord pour le personnage d'Alice chez Tim Burton : quelle fin épouvantable !
    Vos réponses sont enthousiasmantes et, comme Ludovic, j'aime beaucoup le côté Lynchien de la n°8.
    Je suis moins fan que vous deux de Deborah Kerr : je lui préfère Patricia Arquette dans..."Lost highway".
    Je constate en faisant le tour des questionnaires qu'aucun des cinéphiles "virtuels" ne se sent l'âme d'un cinéaste...

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  7. Sylvain, merci pour l'information sur l'hélicoptère, c'est peut-être la fin de longues années de cogitations. (En même temps, écrivant cela, je me rends compte que c'est un peu triste, aussi, la fin de longues années de cogitations.) (Et, en fait, je me rends compte qu'il est tout à fait possible voire probable que cette explication ne me soit pas inconnue, mais que je l'aie rayée de ma mémoire...) (Mais merci quand même, quoi qu'il en soit !)

    Je vois par ailleurs que nous affichons au moins deux références kubrickiennes en commun, ce à quoi j'ajouterais que Welles et Singin' in the rain que vous convoquez pour les toutes dernières questions étaient également considérés par ici comme de solides prétendants aux titres.

    Docteur, je sais que Powell et Pressburger vous rendent bien moins lyrique que moi ! Patricia Arquette rôdait aussi non loin de mon podium... Et nous sommes parfaitement d'accord sur le cas de l'épouvantable Alice, trahison toujours pas digérée en ce qui me concerne.

    - Et merci pour les réponses "enthousiasmantes", je n'en attendais pas tant !

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  8. Ah bah j'allais commenté sur Shining avant de lire les commentaires. J'avais la même info que Sylvain mais ce Room 237 dont parle Fred a piqué ma curiosité.

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