lundi 30 mai 2011

Poème antique dans le poème barbare

Gentles, perchance you wonder at this show;
But wonder on, till truth make all things plain.
This man is Pyramus, if you would know;
This beauteous lady Thisby is certain. 
A Midsummer Night’s Dream, V, 1.

 
La première rencontre de Sîtha et Harald Berger se fait par l'intermédiaire d'une fissure dans un mur, qui en rappelle un autre. Tel le héros s'infiltrant lui-même, plus tard, par d'autres fissures, celles des fondations du palais d'Eschnapour, pour rallier le temple interdit de la Déesse, on peut imaginer que s'infiltre ici le souvenir d'une autre légende qui n'a que peu à voir avec l'Inde. Comme les amants (orientaux) dont Ovide rédigea l'histoire (la léguant de facto à l'occident), la danseuse hindoue et l'architecte allemand pourraient presque s'exclamer, dès ce premier contact : "Mur jaloux, pourquoi fais-tu obstacle à ceux qui s'aiment ? pourquoi ne pas laisser nos corps entiers se joindre ou du moins permettre un baiser ? Mais nous ne sommes pas ingrats : nous reconnaissons que nous te devons le passage offert à nos paroles jusqu'aux oreilles de l'être aimé." On pourrait, en tout cas, résumer le film de Fritz Lang comme la légende antique au même dispositif : deux amants se parlent au travers d'une fente dans un mur ; quand ils s'en éloignent, un fauve attaque.

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