mardi 1 novembre 2011

Vol au-dessus d'un nid de souvenirs


On n'arrête pas le progrès, mais parfois, comme par un tour astucieux, celui-ci semble nous renvoyer toujours plus loin vers le passé. Ma précédente expérience de déplacement en avion par-dessus l'Atlantique remontait à près de dix ans, et je garde toujours le souvenir des deux films diffusés alors à tous les passagers, à l'aller un polar militaro-judiciaire médiocre où je retrouvais avec dépit Jim Caviezel loin des éblouissements de The Thin Red Line de Malick, au retour une horreur caractérisée avec Arnold Schwarzenegger en pompier post-11 septembre revanchard traquant dans la jungle un terroriste responsable de la mort de sa famille, du genre très méchant qui tue les gens en les forçant à ingurgiter un cobra vivant. C'est donc non sans un certain emballement que j'ai pu découvrir, il y a un peu plus d'une semaine, les écrans individuels placés derrières les sièges, donnant accès à un choix appréciablement large et varié de films – du Macbeth de Welles à The Tree of Life, de God's Little Acre à The Social Network, du Flash Gordon de 36 à Green Lantern (j'avoue avoir, pour ma part, finalement opté pour un improbable film chinois) –, ainsi que de musiques en tous genres ou presque, des chaînes d'info, des jeux pour les plus jeunes, etc. Mais l'option laissant peut-être le plus de place à l'imaginaire est celle qui vous permet de suivre en direct la trajectoire de vol, cartes à l'appui. Découvrant ainsi, la Manche franchie, que l'avion dans lequel je me trouvais survolait les campagnes des environs de Canterbury, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser immédiatement à la belle séquence d'ouverture du film de Powell et Pressburger, avec son faucon se "transformant" en Spitfire d'une époque à l'autre. Et d'imaginer, au sol, l'avion qui m'emmenait vers le Canada scruté par un soldat britannique de la Seconde Guerre Mondiale, ou quelque seigneur médiéval en cours de pèlerinage...

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