mercredi 29 août 2012

Apologie du genre épouvantable

Ce désir de macabre ne peut toucher, cependant, qu'une fraction étroite de la population, car elle exige, dans son expression littéraire, une certaine participation du lecteur, une certaine forme d'imagination et une capacité d'évasion bien souvent peu banale. Trop d'êtres sont insuffisamment libérés des contingences de la routine quotidienne pour répondre ainsi à de tels appels de l'inconnu et s'intéresser aux péripéties d'histoires concernant des sentiments ou des évènements d'ordre inhabituel. Les récits romanesques à base de faits concrets, vérifiables et rassurants, intéresseront toujours plus de lecteurs et occuperont toujours une première place dans les goûts de la majorité. Celle-ci ayant raison dans un sens car les évènements ordinaires, les problèmes de chaque jour occupent la plus grande part de l'expérience humaine. Mais des êtres plus sensibles seront toujours avec nous, car souvent une curieuse tendance au mystère peut envahir un coin obscur de l'âme humaine la plus rationnelle. En effet, quel est l'assemblage le plus parfait, le rationalisme, la raison, l'analyse la plus freudienne qui ne puissent supprimer totalement ce petit frisson inhérent à un coin de cheminée, un murmure, un souffle dans une forêt déserte.

Howard Phillips Lovecraft (traduction* de Bernard Da Costa), Épouvante et surnaturel en littérature.

* ... hasardeuse, hélas, vers la fin.

lundi 6 août 2012

Vacances



Comme l'an dernier à peu près à la même époque, la Chambre, dont l'activité était déjà engourdie depuis quelques semaines par les chaleurs estivales, va fermer ses portes pour une quinzaine de jours environ. À défaut, cette année, d'aller arraisonner "citoyennement" le yacht d'un milliardaire du pétrole, piques-niques campagnards et promenades à vélo, entre châteaux convenablement hantés et monstres mécaniques d'une certaine modernité, seront, espérons-le, propices à la reconstitution de nouvelles forces, qui ne seront pas du luxe.