mercredi 7 septembre 2011

Capturer l'instant

She used to look at me... this way, like really look... and I just knew
that I was here... that I existed. Joe Lamb (Joel Courtney) 


Capturer l'instant, tel pourrait être le mot d'ordre d'une partie du moins (la plus intéressante) de Super 8. Saisir, seul au milieu de tous, l'émotion qui se dégage de mots prononcés lors d'une répétition. Se trouver au bon endroit pour assister à l'envolée de la seule porte signifiante au milieu du grand carambolage. Ne pas être celui qui tourne le dos à l'évènement, perdu dans l'écoute d'un walkman ou un sommeil sous produits chimiques. Inscrire dans le regard ou (/et) sur pellicule les instants mémorables, pour les conserver après leur fuite, l'apparition d'un monstre ou le sourire d'une mère. Est-ce une coïncidence si cette thématique s'insère dans un film qui lui-même tente de reconstituer à toute force, de replacer devant nos yeux, un passé révolu, le tout début des années 80 et, sur les écrans, les premiers succès des productions Amblin ? (Et qui dispose, au milieu de ce spectacle, la menace d'un créature précisément invisible. Le monstre serait-il précisément celui qui vient perturber la logique de la monstration ?...) Las ! toutes ces belles choses n'ont qu'un temps. La spécialité de J.J. Abrams en tant que créateur de séries semble surtout résider dans l'émission d'idées étonnantes avec lesquelles son équipe de scénaristes devra ensuite se débrouiller – en quoi d'ailleurs le plaisir de suivre Alias, Lost ou Fringe finit toujours par s'apparenter à la fascination qu'on éprouverait à suivre la course d'un canard sans tête marathonien –, et il ne gagne rien à se retrouver astreint aux limites du format "long-métrage". En l'espèce, la deuxième heure de Super 8 s'enterre poussivement dans les clichés et les facilités, les raccourcis foireux et le grotesque involontaire, tentant de mettre sur le compte de l'hommage ce qui ressortirait presque de la parodie. Mais peut-être faut-il retenir et appliquer au film les leçons de sa première partie : et par-delà la débâcle, conserver le souvenir de quelques fugaces instants de grâce...

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