mercredi 20 août 2014

Edge of no tomorrow


Si vis pacem, para bellum, prétend le célèbre proverbe romain. À l'encontre de cet adage, Dawn of the Planet of the Apes nous montre le personnage de Malcolm, alors qu'il s'apprête à partir en ambassade de la dernière chance en territoire a priori hostile, hésiter à s'emparer d'un vénérable revolver dans un plan qui en rappelle bien d'autres dans des décennies de cinéma américain –, mais, finalement, le reposer dans son tiroir. Tous ses compagnons ne feront pas le même choix. Plus encore que le précédent volet de la franchise, le film use de son statut de préquelle pour s'inscrire sous un horizon proprement tragique. Chaque lueur d'espoir, chaque moment paisible, de coopération ou de fraternisation entre des membres des deux camps, est voué à l'échec, à court comme à long terme. Nous savons non seulement que les singes évolués prendront in fine le contrôle de la planète, réduisant en esclavage les derniers survivants d'une humanité décimée, mais également que les partisans d'une cohabitation pacifique à commencer par le chimpanzé Caesar, ancien leader du soulèvement simiesque devenu dix ans plus tard vieux chef de tribu et de famille à l'autorité menacée – perdront nécessairement la partie face aux va-t-en-guerre de tous poils et de toutes races, "vétérans" recuits dans les vieilles haines, jeunesse manipulable, individus apeurés transmutant à plus ou moins grande échelle leur sentiment d'insécurité en agressivité. Il n'est hélas pas besoin de développer en quoi le film suit ici l'une des règles premières de la science-fiction et, derrière la fiction d'anticipation, tend un miroir à notre Histoire comme à notre actualité. L'Affrontement promis par le titre français (aussi contestable soit-il) aura donc lieu. Outre sa grande beauté plastique, nous offrant des séquences peut-être parmi les plus remarquables que le genre post-apocalyptique nous ait donné en matière de "poétique des ruines", le film n'a pas pour moindre mérite de parvenir à tenir sa forme en adéquation avec son propos, refusant toute emphase épique à son quota obligatoire de scènes d'action indéniablement impressionnantes mais vécues comme autant de catastrophes , sapant à l'image toute héroïsation de la violence qui fait ordinairement le fond des blockbusters. Le résultat n'est peut-être pas le film de l'année, mais reconnaissons au moins que dans le créneau qui est le sien, il propose une réponse très appréciable aux productions navrantes des Bay, Besson et consorts, prouvant que gros budget et grand spectacle ne sont pas forcément incompatibles avec l'esthétique et l'intelligence.