samedi 6 août 2011

Communauté des possibles

En guise de réponse à un billet de Ran.


Rien n'interdit, bien sûr, de chercher une cohérence, un sens, derrière les bribes d'histoires de voisinage que saisit le regard voyeur de Jeff Jeffries depuis sa Rear Window. Il me semble toutefois que l'on peut aussi bien et là réside ma préférence voir dans ledit voisinage un assez formidable réservoir d'histoires, de fictions possibles. Au sein de celui-ci, l'élection de l'intrigue concernant le couple Thorwald n'est finalement qu'une possibilité parmi d'autres, exactement comme le sont les deux éventualités concurrentes que Lars Thorwald ait ou non tué sa femme, ce qui importe finalement assez peu (Hitchcock ayant retenu la leçon de Suspicion et de son verre de lait...). Que Jeffries ait débusqué un meurtrier ou qu'il en fantasme un, aucune des deux hypothèses ne ferait nécessairement un moins bon film que l'autre, tout comme l'on pourrait imaginer une œuvre entièrement centrée sur l'histoire de "Miss Lonelyheart" (l'une de mes "possibilités" préférées... peut-être mon côté midinette), du couple au chien ou des jeunes mariés. Mélodrames, comédies, thrillers... Comme autant de pages arrachées d'une réécriture de La Vie mode d'emploi de Perec, nous apercevons par les fenêtres des fragments de vies et d'histoires dont nous ne connaîtrons jamais l'entièreté. Comme aussi dans notre quotidien, au fil de nos déambulations et des croisement fugitifs de tous ces inconnus qui nous entourent. Comment l'imagination pourrait-elle résister à la tentation de s'en emparer, ne fût-ce, là encore, que pour quelques instants ?

Et vous, quel est votre voisin préféré ?

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