lundi 25 juillet 2011

Ici comme Ailleurs

On ne cesse de nous répéter que la mondialisation a tué l'exotisme, qu'il ne sert à rien de voyager puisque c'est pour y retrouver partout la même chose, si peu différent de notre quotidien. Quand bien même cela serait, la moindre des choses serait de commencer par admettre la formule inverse : que l'inconnu, le nouveau, la merveille, peuvent aussi s'inviter.



Je pensais au Nantais Jules Verne et aux gravures inoubliables qui ornent les volumes que nous lisions pendant notre enfance : à de longs vieillards maigres, barbus, ceinturés de cartouches, armés de gros revolvers Colt et de carabines à répétition, le regard flamboyant sous les bords démesurés d'un chapeau de feutre, la visière d'une casquette ronde, le bourrelet d'une toque velue ; identiques, toujours, qu'ils fussent en partance pour l'équateur, pour le pôle ou pour le centre du globe. "L'horizon", prononçai-je tout haut, et je vis l'aurore boréale dans le ciel sombre de la Terre de Feu, le bord de l'horizon comme une ligne rougissante et la nuit qui allait descendre sur la ville. 

André Pieyre de Mandiargues, Le Musée noir, "Le Passage Pommeraye".

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