vendredi 8 juin 2012

Chants de l'insigne mésalliance


Des terres neuves, par là-bas, dans un très haut parfum d'humus et de feuillage,
Des terres neuves, par là-bas, sous l'allongement des ombres les plus vastes de ce monde,
Toute la terre aux arbres, par là-bas, sur fond de vignes noires, comme une Bible d'ombre et de fraîcheur dans le déroulement des plus beaux textes de ce monde.

Et c'est naissance encore de prodiges, fraîcheur et source de fraîcheur au front de l'homme mémorable.
Et c'est un goût de choses antérieures, comme aux grands Titres préalables l'évocation des sources et des gloses,
Comme aux grands Livres de Mécènes les grandes pages liminaires la dédicace au Prince, et l'Avant-dire, et le Propos du Préfacier.


... Des terres neuves, par là-haut, comme un parfum puissant de grandes femmes mûrissantes,
Des terres neuves, par là-haut, sous la montée des hommes de tout âge, chantant l'insigne mésalliance,
Toute la terre aux arbres, par là-haut, dans le balancement de ses plus beaux ombrages, ouvrant sa tresse la plus noire et l'ornement grandiose de sa plume, comme un parfum de chair nubile et forte au lit des plus beaux êtres de ce monde.

Et c'est une fraîcheur d'eaux libres et d'ombrages, pour la montée des hommes de tout âge, chantant l'insigne mésalliance,
Et c'est une fraîcheur de terres en bas âge, comme un parfum des choses de toujours, de ce côtés des choses et de toujours,
Et comme un songe prénuptial où l'homme encore tient son rang, à la lisière d'un autre âge, interprétant la feuille noire et les arborescences du silence dans de plus vaste syllabaires.


Toute la terre nouvelle par là-haut, sous le blason d'orage, portant cimier de filles blondes et l'empennage du Sachem,
Toute la terre nubile et forte, au pas de l'Étranger, ouvrant sa fable de grandeur aux songes et fastes d'un autre âge,
Et la terre à longs traits, sur ses plus longues laisses, courant, de mer à mer, à de plus hautes écritures, dans le déroulement lointain des plus beaux textes de ce monde.


Saint-John Perse, Vents, II, 1. Terrence Malick, The New World.

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