samedi 8 juin 2013

... And all the men and women merely players



Rêveuse était la nuit peuplée de songes. La lune
Inerte et blanche au-dessus des miroirs,
Joue la pièce inconnue sur les tréteaux sanglants,
Nous passons, sans jamais regarder le décor,
Ni les costumes, sans rien comprendre :
Qui sommes-nous dans les grands corridors ?
Qui sommes-nous lorsqu'une larme, 
Parfaite et lumineuse, tremble à nos yeux,
Et que la flamme de l'espoir hésite,
Menacée par les vents invisibles ?

Alors la lune glisse entre les interstices
Des volets son jour blanc, et cherche à soulever
Les rancœurs effondrées sur l'habit de la veille.
La pièce, un radeau sur la mer.

Écoute, Seigneur, les naufragés de la longue nuit,
Ceux qui ne peuvent plus lever les mains vers Toi.
Car la fatigue les étreint dans la tiédeur du corps,
Mais entends battre au fond de leur poitrine
Un cœur inapte à rien saisir du mouvement dans la pénombre
Des anges les plus blancs et du jour le plus pur.


Philippe Delaveau, Eucharis, "Mise en scène".

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