jeudi 19 avril 2012

Au bal


L'homme danse volontiers la danse macabre, et, ce qui est bizarre, il la danse sans le savoir. C'est à l'heure où il est le plus gai qu'il est le plus funèbre. Un bal en carnaval, c'est une fête aux fantômes. Le domino est peu distinct du linceul. Quoi de plus lugubre que le masque, face morte promenée dans les      joies ! L'homme rit sous cette mort. [...] Des brucolaques et des lycanthropes se perdraient dans cette foule. Un débardeur tutoie peut-être un vampire. Qui sait si cette cohue obscène n'a pas, en venant ici, laissé derrière elle des fosses vides ?

Victor Hugo, Le Promontoir du Songe. Stanley Kubrick, Eyes Wide Shut.

2 commentaires:

  1. Rebonjour, cette longue séquence de Eye Wide Shut est ce qu'il y a de plus réussi dans le film. On se sent un peu voyeur mais c'est fascinant (la musique y est pour beaucoup). Bonne après-midi.

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  2. Belle citation d'un autre père orphelin (Kubrick vit sa fille embrigadée par une secte très 'cinéphile', autres temps, autre disparition) pour un grand film funèbre et crypté, aussi secret que les sociétés (franc-maçonnerie, scientologie et autres 'professionnels de la profession') qu'il dépeint. On peut lire son présage dans le tout aussi nocturne et envoûtant "Don Giovanni" de Losey.

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