mardi 8 mai 2012

Rencontres musicales


C'est peu dire que j'attendais la nouvelle série d'animation de Shin'ichirō Watanabe. C'est peu dire aussi que je ne m'attendais pas à ce que j'ai reçu en plein cœur. Sakamichi no Apollon, diffusé depuis la mi-avril au Japon, est un éblouissement. Comparé aux joyeux mélanges des genres et des influences et à la fantaisie qui caractérisaient les deux précédentes séries de Watanabe, ce nouvel opus peut d'abord surprendre, il est vrai, par son apparente simplicité et un certain classicisme. Histoire d'amitiés et d'amours adolescentes dans le Kyūshū des années 60, sur fond de passion commune pour le jazz, Sakamichi no Apollon (ou Kids on the Slope, de son titre "international") semble bien loin de l'univers SF de Cowboy Bebop comme des anachronismes déjantés de Samurai Champloo. Pourtant, quoique plus discrètement et cette fois sur un mode de chronique réaliste, c'est bien encore sur un fond de mélanges culturels plus ou moins improbables que s'inscrivent les rencontres des personnages, dans un Japon provincial d'après après-guerre qui balance entre regards toujours portés vers la tradition, et influences occidentales issues pour large partie de l'occupation américaine. Et comme toute bonne interprétation d'un standard de jazz, le scénario navigue entre l'évidence et les bifurcations plus inattendues. C'est quand on croit connaître l'histoire d'avance, pouvoir paisiblement s'abandonner à un déroulé prévisible pour mieux en apprécier les scènes les plus réussies, qu'elle prend des tours que l'on n'avait pas vu venir. On en suit l'avancée tout en marquant du pied et des doigts les rythmes d'Al Blakey, Bill Evans, Chet Baker qui se mêlent à la b.o. de Yoko Kanno retrouvée, tout semble couler limpidement, et l'on s'aperçoit que ce rythme était trompeur, la temporalité pas si claire, et que quand tout semblait s'enchaîner, on est passé, en quatre épisodes, de la fin de l'été à l'approche de Noël. Qu'on y ajoute une réalisation fluide, une esthétique lumineuse, une ambiance dans laquelle on ne demande que de s'immerger, et l'on comprendra que le maître Watanabe est plus que bien parti pour nous gratifier, ce printemps, de l'une des plus belles séries animées que l'archipel nous ait offertes depuis longtemps.

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